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LES CHUTTES DE LA LOBE.

Description

La Lobé est un fleuve côtier qui prend sa source dans le massif du Ntem au centre du parc national de Campo Ma’an. Les chutes de la Lobé se situent à 310 km de Yaoundé en prenant l’axe routier Yaoundé Edéa Kribi Campo. La Lobé se caractérise par un ensemble de petits bras qui progressent en une série de petites cascades sur une distance de 1 km avant de se jeter directement dans l’océan en plusieurs chutes dont la plus haute mesure près de 15 m. Ces chutes sont localisées à 8 km au sud de Kribi en direction de Campo. C’est un phénomène unique au monde que de voir une ligne des cascades qui s'étend sur près de 100 m de large et dégringole dans l'Océan Atlantique.
La Lobé traverse plusieurs communautés qui vivent en étroite relation avec l’eau, que ce soit le fleuve ou la mer. De ce fait, il y a en amont, les Bulus et les Pygmées, en aval les Mabis qu’on trouve jusqu’au niveau du pont sur la Lobé, et enfin les Batangas qui sont à l’embouchure et sur la côte.

Les chutes de la Lobé représentent pour ces peuples un symbole fort de croyance, et sont généralement associés aux divers rites naturels et culturels que comptent ces peuples côtiers. A titre d’exemple, les pygmées, peuples originels de guérisseurs, plongent les malades dans l’eau des chutes lors des cérémonies de purification. De même, les chute de la Lobé sont une étape importante dans le rituel d’intronisation du Chef des Batangas. Il y séjourne pendant une durée de terminée et reçoit ainsi les bénédictions des esprits et des ancêtres.
Il est à noter également le phénomène du « jingou » ou « Mami Water » ou encore » mari/femme- esprit de l’eau ». C’est une représentation mystique de la toute puissance des esprits de l’eau qui depuis de nombreux siècles, fit partie intégrante de la vie de chaque natif de toute cette zone côtière.
Sur le plan de la faune sous-marine, on trouve dans les eaux de la lobé et uniquement dans ses affluents, une race d’écrevisses spécifiques, aussi bien par leur aspect que par le site des chutes de la lobé à bien des égards une valeur universelle exceptionnelle.

  Même si le site reste apparemment authentique et intègre, il y a de graves menaces qui pèsent sur lui. De prime abord, la menace de déforestation .A l’origine la mangrove se composait entre autres de grands arbres (paletuviers, mangliers…) qui attiraient des espèces rares d’oiseaux migrateurs, et constituaient l’une des principales attractions du site .Mais avec la menace humaine, les grands arbres, ont été détruits et les oiseaux ont déserté le site.Un plan de gestion permettrait la reforestation des espèces appropriées et limiteraient l’abattage intempestif des éléments de la mangrove. Sur un autre plan, le pipeline Tchad Cameroun avec son terminal pétrolier tout proche comporte des risques d’explosion et la pression du développement urbain sont là pour nous rappeler que ce site est en danger permanent. Il se pose alors le problème de la gestion du site qui permettrait de veiller à l’application des garanties de sécurité et de protection signés dans un accord entre les exploitants du pipeline et l’Etat camerounais. Il existe néanmoins une protection traditionnelle grâce à laquelle le site conserve jusqu’alors son intégrité.
  Sur le plan naturel, les chutes de la lobé sont comme bien d’autres chutes dans le monde et en Afrique à l’instar des chutes de Victoria (Victoria Falls) au Zimbabwé. Elles sont cependant un phénomène unique exceptionnel dans le monde parce qu’elles se jettent directement dans l’océan. Sur le plan culturel, les chutes de la lobé constituent un lieu culturel d’intronisation du Roi des Batangas qui est rituellement plongé dans ces eaux. C’est également le lieu des invocations des esprits de l’eau (pour des raisons thérapeutiques et de protection par exemple).